Rencontre
Avant-hier, à midi, je suis entrée dans un magasin, légère et détendue jusqu'à ce que mon regard se pose sur une silhouette... Une silhouette de profil qui m'a immédiatement liquéfiée à un degré que je ne pensais pas possible.
J'ai freiné des deux talons, je me suis mise à trembler comme une feuille et les larmes sont montées dans la demi-seconde.
J'ai de suite envoyé un message, comme un SOS, à Chéri. J'étais littéralement pétrifiée. J'ai failli repartir directement mais, quelque part, mon cerveau m'a obligée à avancer malgré tout.
Je suis entrée dans le magasin comme une automate, sans faire même attention au fait que j'avais en mains l'objet que j'étais venue échanger, en me glissant dans le premier rayon à l'opposé de là où il se tenait.
J'ai fermé les yeux très fort.
J'ai inspiré et expiré très profondément.
Quand j'ai relevé la tête, je me suis un peu demandé ce que je fichais dans un rayon qui n'avait rien à voir du tout avec ce que j'étais venue chercher.
Je me suis dit que c'était carrément ridicule.
J'ai sorti la tête de derrière mon rayon, il n'était plus là.
Je me suis dirigée carapatée jusqu'à l'accueil pour faire faire l'avoir de mon échange et me suis dirigée carapatée vers le rayon adéquat.
J'en aurais pleuré. Pleuré de constater que trois années après, il me terrorise toujours autant. Pleuré de me dire que je n'ai pas eu le cran de l'affronter directement, même juste pour arriver à lui dire bonjour, la tête haute. Pleuré de constater que j'avance mais que, ça, ça n'est pas aussi cicatrisé que ce que je voulais bien croire...
Il paraît qu'il faut être résilient...
Peut-être était-ce juste une réaction liée au fait que c'était la première fois depuis les menaces et les insultes que je me retrouvais physiquement devant lui ?
Peut-être que le fait d'avoir passé la nuit suivante à le frapper et le frapper encore de coups de poings, en le maintenant au sol d'une seule main, était une façon d'évacuer cette peur et cette frustration ?
Peut-être qu'il fallait ce choc pour que, la prochaine fois, je lui mette un taquet (n'est-ce-pas, Chéri !) ?