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Des Blabla
22 août 2016

"De Sébastopol à Paris" pour "Sauver Paris"

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Je crois que c'est Madame Mère ou Monsieur Père qui m'a passé le livre de Raoul Nordling il y a plusieurs mois mais je n'avais pas pris le temps de le lire. C'est chose faite !!!
Et, du coup, cela m'a donné envie de lire les mémoires de Von Choltitz pour comparer les deux points de vue opposés d'un même évènement : la libération de Paris et celle des prisonniers politiques encore incarcérés au moment de l'arrivée des alliés dans la capitale !
J'ai lu le reste des deux livres également mais c'était surtout ces points-là qui m'interpelait...

Il y a donc, d'un côté, les mémoires de Raoul Nordling, "Sauver Paris", membre du corps consulaire de Suède à Paris durant la quasi totalité de la première moitié du XXè siècle et, donc, à ce titre, il a vécu les deux guerres mondiales, en tant que représentant d'un pays neutre (on pense souvent à la Suisse ou au Luxembourg mais on oublie que la Suède a toujours affirmé sa neutralité dans les conflits mondiaux, comme le Portugal aussi d'ailleurs !). 

De l'autre, il y a les mémoires du général Von Choltitz, "De Sébastopol à Paris", gouverneur militaire allemand du Grand Paris de début août à la libération, le 25, après avoir notamment fait la campagne de Russie et celle de la bataille de Normandie. Son attitude lors de ces derniers jours de guerre fit qu'il échappa au procès de Nuremberg et qu'il ne fit que quelques années de prison en Grande-Bretagne.

Si vous êtes cinéphiles, vous les avez croisés incarnés par Orson Welles et Gert Fröbe dans le film " Paris brûle-t'il " et par André Dussolier et Niels Arestrup dans " Diplomatie ",pas moins !

Ce qui était très intéressant, c'était de lire les deux livres à la suite l'un de l'autre pour comparer les deux points de vue.
Tout d'abord, je craignais que chacun n'essaye de tirer la couverture à lui en s'en attribuant le mérite mais pas du tout. Nordling semble plus ou moins dire qu'il s'est retrouvé embarqué dans tout ça sans le vouloir et qu'il veut bien reconnaître qu'il a eu certaines initiatives mais sans en être vraiment sûr.
Quant à Von Choltitz, je me disais qu'il serait facile, après coup, de dire qu'il avait fait ce qu'il pouvait pour mettre fin de façon favorable aux alliés à cette guerre et de se rebeller contre les ordres d'un Hitler qu'il trouvait fou mais, en fait, c'est assez émouvant de constater qu'il reconnaît voir délibérément fait tout ce qui était en son pouvoir pour contourner les ordres qu'il avait reçus mais, dans le même temps, il affirme et martèle qu'il n'a jamais trahi son pays en négociant une trêve et non un cessez-le-feu (très sincèrement, pour moi, il n'y a pas tant de différence que ça entre les deux concepts mais, visiblement, pour lui, cette différence est fondamentale) ou en signant la libération des prisonniers politiques qui ne peuvent, sémantiquement, être considérés comme des prisonniers de guerre.
Par ailleurs, on sait qu'il a reconnu avoir participé, lors de la campagne de Russie à la politique d'extermination des juifs, ce qui n'est pas spécialement un titre de gloire donc si je le crois honnête dans ce que sa carrière a de moins reluisant, j'ai tendance à ajouter foi au positif évoqué dans ses mémoires.

En revanche, effectivement, la pièce de théâtre dont a été tirée le film " Diplomatie " est largement romancée puisque la nuit à l'hôtel Meurice n'aurait jamais existé et que les deux hommes se soient assez peu rencontrés et, enfin, que, lors de ces rencontres, la question de la destruction de Paris n'ait pas été au centre des débats, loin s'en faut mais de tout cela, on s'en doutait.
De même qu'il est évident que la sauvegarde de Paris a, sans aucun doute, été l'oeuvre de beaucoup plus que de Nordling et Von Choltizt. Il faut compter Speidel (Il paraît qu'un nouvel ordre de destruction de la capitale française avait été envoyé au général Model par Hitler, au lendemain de la reddition de Von Choltizt, sauf que le général n'était pas à son bureau et que son adjoint, Hans Speidel, aurait décidé de ne pas obéir, conscient, lui aussi, de la folie du Führer.), Bender, Poch Pastor, Naville et tous les combattants d'une heure ou de quatre ans...

 

Pour conclure, j'ai aimé ces deux livres mais, sur le plan du style, celui de Von Choltitz est franchement marqué par son côté "militaire" et donc moins fluide, moins prenant, notamment dans ces descriptifs de situation de guerre. En revanche, j'ai aimé le côté humain et droit qui se dégage du général allemand avec ses failles, ses erreurs, son côté "devoir-devoir"... Quant à celui de Nordling, il est plus "écrit" et, en plus, on y sent vraiment la francophilie du consul qui raconte sa vie, sa guerre de civil.

 

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