Le cri muet de l'iguane
Un livre difficilement classable et dont il est très difficile de parler sans prendre le risque de trop en dire.
Cela ressemble un peu à une biographie mais avec un faux air de roman et puis il y a de la tendresse, de l'humour, de l'amour, des morts.
Daniel Picouly raconte son grand-père mais il le raconte comme la légende familiale l'a façonné tout en intercalant ce qu'il a réellement été. On ne sait jamais trop quand on est dans la fiction ou quand on est dans la réalité.
Un grand-père martiniquais, dont la jeunesse se déroule au milieu de femmes qui le protègent, l'élèvent, l'aiment (que ce soit maternellement ou charnellement) et d'hommes contre lesquels il s'affronte (que ce soit par l'autorité qu'ils représentent, par les poings d'une légende, par la jalousie qu'il inspire). Et puis, ce jeune homme part vers la Métropole pour participer à la première guerre mondiale où il rencontre une jeune tarbaise.
J'aime le style de Daniel Piccouly tout en simplicité mais toujours aussi impeccable, fluide et efficace.
J'ai aimé me laisser emporter dans les aventures de ce grand-père haut en couleurs, qu'elles soient réelles ou imaginaires.
Comme quoi, on peut parler de son passé et le démythifier sans que cela se fasse dans la violence d'un règlement de compte comme l'a fait Alexandre Jardin. Ceci étant, chacun fait comme il le peut avec son passé et le grand-père Jardin était peut-être plus difficile à rendre drôle et aventureux que le grand-père Picouly...
Il n'empêche que s'il est plus que difficile de trouver des points communs aux deux aieux, je n'ai pu faire autrement que de penser à l'un et à l'autre...