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Des Blabla
3 novembre 2014

L'armée des ombres

9782266115001Si vous me suivez un peu ou si vous me connaissez un tant soit peu, vous n’êtes pas sans ignorer mon goût pour les œuvres de Joseph Kessel.
Or, il m’en est tombé un entre les mains que je n’avais jamais lu " L’armée des ombres ".

L’armée des ombres est, pour ceux qui ne le savent pas, le nom donné à la Résistance en France pendant la seconde guerre mondiale. En 1943, Kessel a écrit ce livre qui n’est ni vraiment un reportage, ni vraiment un roman (même si les noms et les lieux ont dû être modifiés par l’auteur pour éviter que des informations vitales soient divulguées). Kessel disait lui-même que c’était le livre dont il était le moins satisfait car il était trop " dissimulé " pour rendre un hommage à la hauteur de ce qu’il aurait voulu à tous ces hommes et ces femmes et pas assez " travesti " pour être sûr de protéger suffisamment les personnes qui l’avaient inspiré mais qu’en même temps il se devait de l’écrire.
{mode parenthèse ON}J’aurais aimé savoir pourquoi, après la guerre, il n’a pas, soit réécrit son livre, soit apporté un addendum qui aurait permis d’éclaircir tout ça et, non seulement, de lui apporter satisfaction, mais aussi de nous permettre de savoir. Estimait-il que le livre étant écrit et publié ne devait pas être retouché ? A-t-il pensé que, finalement, malgré tout le respect et la volonté de rendre hommage à ces hommes et à ces femmes, ils avaient été des ombres et devaient rester des ombres, la plupart ayant été finalement tués pendant leur combat ? Je n’aurai certainement jamais de réponse mais, en tous cas, ces questions me taraudent.{mode parenthèse OFF}.

Donc, avec son écriture si unique, Kessel nous fait pénétrer un réseau de résistance et quelques-uns de ses combattants : Gerbier, Mathilde, Jean-François, Saint-Luc, Augustine, Félix, le Bison, Madeleine et tant d’autres nommés ou non au fil des pages. Il ne s’agit pas d’une histoire construite avec un scénario abouti (début, milieu, fin) mais d’histoires qui se sont déroulées avec quelques personnages récurrents que l’ont croise et recroise mais jamais avec la même importance dans le récit.
Pas de détails d’horreur ou sanglants, pas de fanfaronnade, juste un récit de faits réels comme il a dû s’en dérouler tant durant ces quatre années de lutte clandestine. Il n’est pas question de figures célèbres, juste de gens comme tout un chacun qui peuvent trahir, avoir peur, se révolter, se battre à mort, sauver des vies, apporter un simple soutien logistique ou devenir un acteur de tous les fronts. Il ne s’agit pas non plus d’un simple catalogue, d’un vulgaire récapitulatif administratif.
Je m’aperçois qu’il est très difficile de définir ce livre mais une chose est certaine, c’est une plongée incroyable au sein de ce pan de notre histoire. C’est toute la beauté de la langue de Kessel et tout le drame d’une sombre époque sans jugement de valeur sur ce dont l’âme humaine peut être capable dans le bien comme dans le pire mais avec beaucoup d’émotion (mais pas de pathos !).

Madame Mère m’a dit qu’un film en avait été adapté avec Simone Signoret, Paul Meurisse et Lino Ventura. Il est évident que je vais partir en chasse de suite pour le trouver. Reste à savoir si j’aurais le cran de mettre des images sur tout cela jusqu’au bout…

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