Dimanche soir, 21h18

Dimanche soir, donc, à 21h18, j'étais tranquillement assise devant ma table basse, mes chaussons en moumoute aux pieds, une tasse de tisane fumante à portée de main, Invictus sous les yeux et mon album de photos du théâtre que j'avais enfin décidé de refaire quand, tout à coup, plus rien !

Le noir !
Ah ah ah... ou pas, finalement !

Heureusement, ayant fait les décorations de Noël dans l'après-midi, nous avions allumé les bougies et je n'étais pas dans l'obscurité complète. Non, parce que, là, sérieux, pour une claustrophobe, se retrouver dans le noir absolu par surprise et, donc, sans avoir eu le temps de s'y préparer psychologiquement, ça fait peu ou prou le même effet que dans Fort Boy*rt, quand on leur fait tomber des bêtes bizarres dessus...
Dans les deux minutes, Sainte-Chérie s'est réveillée et j'ai très très vite senti que sans oser se mettre franchement à pleurer (non, parce qu'à 11 ans, quand même, on a sa petite fierté !), il y avait du trémolo dans l'air.
Heureusement, donc, en bonne claustrophobe de compétition, j'ai des bougies dans à peu près toutes les pièces de la maison avec de quoi les allumer juste à côté... Des années d'expérience feront toujours la différence !
Une fois, Sainte Chérie à peu près rassurée, j'ai mis le nez dehors et n'ai pu que constater que les voisins étaient logés à la même enseigne que nous mais qu'à 150m au-delà, tout le monde s'éclairait avec force lumière... Pffffffffff, aucune solidarité (moi, je vous dis, à la prochaine fête des voisins, ça va twister ! Comment ça, je n'y vais jamais ?) !
Bien, évidemment, également, mon portable était en cours de chargement, ce qui fait que j'avais très peu de batterie... Non, parce que, tant qu'à faire, hein, autant faire les choses à fond ! Ce qui me fait penser également que le fait d'avoir choisi le chauffage central était une idée judicieuse mais que le fait d'avoir fait installer une chaudière électrique l'était beaucoup moins parce que, du coup, il n'y a quand même pas de chauffage en cas de panne d'électricité (comme mes profs pouvaient mettre en appréciation sur mes bulletins : " élève sérieuse, bonne réflexion mais ne mène pas ses raisonnements jusqu'au bout ")...

Bref, j'ai donc appelé les messieurs de la lumière pour savoir s'ils étaient au courant de notre léger souci... Après soixante douze choix à faire (punaise, je n'ai plus de batterie ! Accélérez un peu quoi !), j'ai finalement eu un répondeur qui m'a annoncé qu'ils étaient bien au courant de la situation, qu'effectivement, ça ne concernait que trois rues, dont mon petit bout à moi, et que cela devrait être rétabli vers minuit...
Entre temps, Sainte Chérie, courageuse mais pas téméraire, avait débarqué dans le salon avec sa bougie, son oreiller, son doudou et son bouquin (il faut savoir se préparer à affronter une situation d'urgence en se munissant du minimum vital !)... Pas vraiment prête à dormir et plutôt inquiète sur la nuit à venir. Je pense que, dans son esprit, le quartier s'était transformé en toundra, que des loups affamés ne devaient plus être très loin et qu'on n'aurait pas de réveil pour aller au collège demain (ce qui, en d'autres circonstances, l'aurait largement réjouie mais qui, là, ne l'amusait pas du tout !)...
J'ai bien compris que l'idée de se pelotonner sous les plaids devant un feu de cheminée une bonne partie de la nuit était bien moins sympathique quand ce n'était pas un jeu ou une fantaisie voulue pour " faire comme les trappeurs du grand Nord "...

C'est donc à la lueur de la bougie que nous avons préparé notre kit de survie (et les affaires de cours de la demoiselle !) pour affronter le froid, dégeler la voiture (oui, à 21h35, elle était déjà gelée !) et partir nous réfugier chez Madame Mère et Monsieur Père...
Ce qui a permis à Sainte Chérie de me faire remarquer qu'il était profondément révoltant que les lumières de Noël dans les rues soient allumées dans les autres quartiers alors que nous n'avions même pas le strict minimum chez nous... Certes...

Ce qui est encore plus drôle, c'est quand Sainte Chérie, après être partie se coucher, s'est relevée pour me dire qu'on avait oublié son hautbois qu'elle devait présenter aujourd'hui à sa classe et qu'il a fallu qu'à 23h, je me rhabille, que je regratte un coup le pare-brise (oui, en 1h30, ça avait déjà commencé à re-gelé !) et que je reparte chercher l'instrument (c'est beau une ville la nuit !)...
L'avantage, c'est que ça m'a permis de constater que l'idée de partir chercher refuge ailleurs n'avait pas été une si mauvaise idée puisque la situation était inchangée...

PS : En revanche, je ne vous cache pas que ce matin en rentrant à la maison, j'étais ravie que tout soit rentré dans l'ordre, que Gentil Locataire ne soit pas mort de froid avec sa chérie pendant la nuit et que ma connexion internet n'en ai pas profité pour se remettre en rideau comme elle aime à le faire habituellement...

PS2 : Et oui, j'ai une conscience professionnelle impressionnante car, au milieu de tout cela, j'ai pensé à faire quelques photos pour illustrer mon billet... Non, non, ne me remerciez pas !

Comments

[Jéolianne]

Jour, nuit/ jour, nuit...ça me rappelle ce brave Jacquouille!! Y a un farceur dans ton coin!! ;-)

[Delphine]

Tes photos font (presque) envie !