Machine Feydeau

J'ai pu, vendredi soir, grâce à un pote, aller voir, dans le cadre du festival NOVART le meilleur spectacle théâtral que j'ai vu depuis... oh, et même plus, sans aucun doute !
Je suis donc allée voir " Machine Feydeau ", spectacle sublimement interprété par douze jeunes diplômés de l' ESTBA (Ecole Supérieure de Théâtre de Bordeaux Aquitaine) et incroyablement mis en scène par Yann-Joël Collin et Eric Louis.

Qu'en dire ?
C'est compliqué tellement j'ai envie de partager, tellement les idées fusent. Remarquez pendant 3h15, les répliques, elles aussi, fusent, la dynamique des portes qui claquent emporte le public dans un tourbillon incessant !

D'abord, je sais que pour pas mal de gens, Feydeau est cet auteur de théâtre de boulevard du XIXème qui met plus ou moins toujours en scène le trio classique du couple marié et de la maîtresse ou de l'amant, voire les deux. Ca peut sembler poussiéreux ou ennuyeux.
De plus, si vous y ajoutez une contrainte de taille à savoir : mêler des extraits de quatre pièces différentes avec les mêmes acteurs pendant un temps si long, le risque est énorme de perdre les trois quarts de la salle avant l'entracte.
Sauf que, là, c'est contemporain, c'est enlevé, c'est interactif, c'est bourré de trouvailles scéniques, verbales et, du coup, ça en devient génial !!!
J'en veux encore !!!

D'abord, il y a un parti pris de mêler le public au spectacle mais pas en tant que simple machine à applaudir. Non, le spectacle se déroule aussi dans la salle et avec la participation du public (qui participe à un changement de décor, qui chante, etc. Est-il utile de demander qui a été, entre autres, sollicitée pour le changement de décor ? Voilà, voilà, voilà. C'est bien, ça m'a fait une petite séance de kiné supplémentaire gratos et sous le feu des projecteurs !).

Par ailleurs, la mise en scène jaillit de partout : depuis le public, dans les gradins, depuis les accès à la salle, à l'entrée du théâtre (avec une caméra qui filme les acteurs hors scène et retransmet les images sur un grand écran au-dessus de la scène) et, bien sûr, sur scène. De ce fait, le spectateur est en permanence à l'affût du moindre bruit, de la moindre poursuite comme quand on regarde un feu d'artifice et qu'on voudrait ne surtout rater aucune fusée !
Elle use d'effets qui, sur le papier, sembleraient suicidaires (comme par exemple, avoir caché pendant un moment la scène au public qui ne la voit que par l'intermédiaire d'une caméra) mais qui se révèlent plus qu'intéressants.
Bref, la mise en scène chamboule tous les codes habituels du théâtre pour nous immerger dans une machine féérique et hallucinante (au premier sens du terme) !

Et puis, il y a ces jeunes acteurs (Inès Cassigneul, Lucas Chemel, Giulia Deline, Zoé Gauchet, Jonathan Harscoët, Nanyadji Ka-Gara, Christophe Montenez, Ninon Noiret, Jules Sagot, Manuel Severi, Yacine Sif El Islam, et Julie Teuf)...
Quelle merveille !
Rompus à tous les arts du spectacle (acrobatie, musique, chant, etc), il n'y en a pas un qui soit un ton en dessous d'un autre.
Non, seulement, ils ont une pêche d'enfer mais un talent phénoménal (ça ne m'étonne pas que deux d'entre eux soient rentrés à la comédie française et qu'un autre soit en course pour les Césars). Tout est toujours juste, voire même plus que juste... Vous voyez quand c'est tellement bien joué que vous avez l'impression que ça n'est plus joué mais qu'il est évident que cela devait être ainsi, parce que cela respire et transpire... C'est ça ! Ils ne jouaient pas du Feydeau, ils exhalaient du Feydeau et nous en ennivraient !

C'est de la magie ! C'est jubilatoire !
Vendredi soir, la magie s'est assise à côté de moi, la magie m'a invitée à monter sur scène, la magie m'a emportée dans une dynamique à peine croyable, la magie m'a fait revisiter les classiques du Boulevard en les brisant pour mieux les offrir et la magie est restée accrochée à moi longtemps après que les lumières se soient rallumées...

Comments

[Julie]

En cherchant quelque chose,

Je tombe par hasard sur ces jolis mots !

Et ça me fait très plaisir de lire cet enthousiasme presque deux ans après...

Ca me ramène à de bien bons souvenirs.

Merci beaucoup !



Julie, la belle-mère. :)